Traduction Wolof des choeurs par Massamba Gueye
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Revue de Presse Tribune de Genève 1 Tribune de Genève 2 Le Temps © Isabelle Meister |
Antigone au quotidien africain Des comédiens sénégalais font un triomphe à Genève Quelle émotion, mardi soir, pour la troupe africaine de Gilles Laubert, au terme de la première représentation genevoise de Ngoye, une Antigone d'Afrique ! Le metteur en scène de ce beau projet a même dansé comme un griot sur la scène de Saint-Gervais. C'était l'heure où la tragédie n'est plus qu'un souvenir. L'heure où les artistes retrouvent la liberté de s'exprimer à leur guise, dans une explosion de percussions et de mouvements jubilatoires. Une manière de rappeler que cette production a pour origine un stage de danse africaine suivi par Gilles Laubert aux Ateliers d'ethnomusicologie. De tout ce qui s'en suivra, Ngoye est le magnifique accomplissement. La simplicité qui captive Avec une conviction difficile à retrouver dans les spectacles européens ? sauf peut-être chez Patrice Chéreau ?, deux comédiennes nous plongent dans la pièce en un instant. N'Deye Thiaba Diop (Ngoye) et Mame Fama Ly (Dibor, sa sur) ont à la fois l'intensité de jeu et la simplicité qui captive. Leur dialogue d'ouverture place la barre haut. Dans une langue modernisée mais qui reste belle, Gilles Laubert donne à dire aux comédiens cette terrible histoire de désobéissance et de mort. Allégée par les interventions des griots qui renouvellent le chur de plaisante façon, l'atmosphère prête même à rire. L'aplomb des comédiens, leur charme et leur plaisir en scène rapprochent la représentation du quotidien africain, tout en renouant avec l'essence de la tragédie antique. Le décor de Gilles Lambert, en forme d'abri de métal au toit transparent comme une verrière et ondulé comme la tôle, et les jolis costumes d'Olivia Cupelin et Ndiasse contribuent au succès de cette production. " Ngoye, une Antigone africaine " au Théâtre Saint-Gervais jusqu'au 20 décembre, loc. 022 908 20 20. BENJAMIN CHAIX | Tribune de Genève, 11/12/2003 |
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Gilles Laubert présente son Antigone africaine Dès mardi à Saint-Gervais, des comédiens sénégalais réinventent la tragédie. La distribution de Ngoye, une Antigone d'Afrique est entièrement africaine. Les comédiens viennent du Sénégal, où Gilles Laubert, comédien, auteur et metteur en scène bien connu à Genève, a travaillé avec eux et présenté ce spectacle dans plusieurs villes du pays à partir de septembre 2002. Ce qu'on va voir dès mardi et jusqu'au 20 décembre à Saint-Gervais Genève est une reprise pour l'Europe de cet ouvrage étonnant. Antigone est devenue Ngoye, Ismène: Dibor, Créon: Buur, Tirésias: Saltigue. Zeus est Roog, le dieu du panthéon sérère (du nom de l'une des ethnies du Sénégal) et tous les appels aux divinités grecques ont été remplacés par des invocations aux ancêtres. Comme on sait, Antigone veut obtenir le droit d'enterrer son frère. Pour Ngoye, l'interdiction d'inhumer empêche le défunt d'accéder au statut d'ancêtre, ce qui en fait une sorte de fantôme, susceptible de troubler l'ordre des vivants. Plus non plus de Thèbes dans Ngoye, mais Sangomar, lieu mythique dont le conseiller culturel du spectacle, Massamba Gueye, rappelle qu'il est utilisé pour dire que quelque chose va à son terme, que quelque chose est prêt d'aboutir. Gilles Laubert le sait, car il y est réellement allé, à Sangomar. " J'étais là-bas, dans ce lieu perdu qui ne vit que de la pêche. Dans une hutte, une télévision branchée sur une batterie de voiture présentait les informations. Soudain je vois le président en conversation avec Alain Vaissade. Je dis que je connais ce monsieur et soudain de simple toubab (homme blanc) je deviens le toubab qui connaît un toubab qui connaît le président. J'étais l'objet de la curiosité générale. " Voir ainsi Alain Vaissade concluant des accords d'échanges culturels avec Dakar donne une idée à Gilles Laubert. Il en parle dès que possible au Département municipal de la culture, à Genève, qui adopte avec enthousiasme son projet de spectacle avec des artistes sénégalais. Sangomar lui ayant porté chance, Gilles Laubert intègre sans hésiter ce nom béni dans la réécriture de la tragédie antique. " Le projet a donc été financé par l'enveloppe dévolue aux échanges culturels et non par les subventions habituelles au théâtre genevois ", précise le metteur en scène. Ce qui ne veut pas dire qu'il est plus facile de passer par l'Afrique que de rester à Genève pour monter un spectacle dans cette ville. " Ça a été très difficile à réussir. Cela n'aurait pas été possible sans un travail dans la durée, avec présence obligatoire au Sénégal pendant de longues périodes. Il y a eu des moments de grand découragement, notamment après la mort accidentelle de nos amis Domizio Lepori et Barbara Schudel, disparus dans le naufrage du Joola, un bateau archibondé, quinze jours avant la première du spectacle. Ça a été terrible. " Domizio Lepori était l'auteur des décors de la création de Ngoye. Ses structures métalliques ont été utilisées lors des premières représentations dans la capitale sénégalaise, puis stockées avec l'espoir qu'elles serviront d'ornement permanent aux abords du Théâtre National Daniel-Sorano à Dakar. Un nouveau décor a été commandé à Gilles Maret pour les représentations données ces derniers jours à Seynod (Haute-Savoie), Yverdon et dès mardi à Saint-Gervais Genève. Dans ce spectacle, le rôle du chur antique revient à une troupe de griots qui chantent en wolof et en français en s'accompagnant eux-mêmes. " C'est un apport très dynamique à la tragédie, dont on ne trouve que rarement l'équivalent dans les mises en scène européennes ", relève Gilles Laubert. " Ngoye, une Antigone d'Afrique " d'après Sophocle, mise en scène de Gilles Laubert, du 9 au 20 décembre au Théâtre Saint-Gervais, loc. 022 908 20 20.
BENJAMIN CHAIX | Tribune de Genève, 08/12/2003 |
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Une Antigone d'Afrique sème une joie tragique Une quinzaine d'acteurs sénégalais donnent rythme et fièvre à une tragédie hellénique mariant imaginaire africain et européen, sous la direction de Gilles Laubert au Théâtre Saint-Gervais à Genève A l'origine de Ngoye, une Antigone d'Afrique, un désir de danse. Gillles Laubert, qui uvre à Genève depuis vingt ans, n'aspirait qu'à une chose lorsqu'il débarque au Sénégal: apprendre les rythmes qui délient les corps et grisent les esprits. Il rencontre des danseurs à Dakar. Premiers élans. Premiers bonheurs. Et rêve de théâtre. " Je me suis pris d'amour pou l'Afrique il y a quelques années, raconte Gilles I.aubert. J'avais envie de monter are pièce, j'ai fait plusieurs propositions au Théâtre Daniel Sorano, l'équivalent de la Comédie-Française au Sénégal. Et nous avons choisi Antigone de Sophocle." C'est cette Antigone d'Afrique rebaptisée Ngoye qui tempête ces jours au Théâtre Saint-Gervais à Genève. C'est cette même Antigone incarnée par la Sénégalaise N'Deye Thiaba Diop qui donne envie de danser sur la terre battue de la révolte contre Buur le roi (Macoudu M'Bengue), gardien de l'ordre patriarcal. Lutte familiale à mort donc, comme dans la tragédie hellénique, entre l'héroïne immaculée, qui refuse de laisser sans sépulture son frère, et l'oncle Buur, qui honnit son traître de neveu. Deux légitimités se heurtent: celle de Ngoye porte-parole des morts et d'une tradition qui colle à la peau; celle de Buur au nom des vivants et d'une cohésion politique dont il est le garant. Tradition des griots Théâtre direct donc. Théâtre formidablement classique aussi, dans sa marnière de rejeter l'artifice pour permettre aux corps d'être éloquents sans esbroufe. Voici Buur et Ngoye, tête contre tête. C'est une fiction de haine. Un instant de terreur, avant que les adversaires ne s'écartent. Et le maître de lancer à son irréductible nièce: "Va te aire engrosser chez les morts." Plus tard, la parentèle tremblera en proie à l'incertitude, a soldatesque tanguera et des musiciens ébranleront les curs, entre impossible consolation sur cordes douces et orages mécaniques sur peau de buffle. Plongée dans l'Afrique, cette Antigone nous parle de ce lien jamais totalement perdu avec nos morts, de ces gestes primaires et sacrés sans lesquels le travail de deuil n'est que chimère. " Je n'ai jamais eu l'impression de travailler sur un texte de notre culture, note Gilles Laubert quisigne aussi l'adaptation. Mais sur une uvre actuelle, que nous avons voulue ancrée dans l'imaginaire Africain. D'où la partition du chur très inspirée de la tradition des griots par exemple." Expatriée, Antigone apparaît ainsi rendue à son universalité. Le public africain l'a encensée dès ses premiers pas au Théâtre Dariel Sorano au début 2002. "Les spectateurs étaient très réactifs, se rappelle Gilles Laubert, notamment lorsque Antigone dit: On ne peut pas laisser un mort sans sépulture. " Cette qualité d'écoute, on la retrouvait l'autre jour à Genève. L'apothéose, elle, fut mémorable: une fièvre devenue danse. Pure joie des corps. A. Df | Le Temps 16/12/2003 |
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