«
GEORGES, OU
TOUT CE QUI FILE ENTRE LES DOIGTS » Une pièce
de Gilles-Souleymane
Laubert Compagnie
des Cris La
Traverse, Genève du 30 mars au 17 avril 2011 |
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DISTRIBUTION «
GEORGES, OU TOUT CE QUI FILE ENTRE LES DOIGTS » |
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PRÉSENTATION « GEORGES, OU TOUT CE QUI FILE ENTRE LES DOIGTS » |
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EXTRAIT
DE TEXTE « GEORGES, OU TOUT CE QUI FILE ENTRE LES DOIGTS » |
Le théâtre représente un appartement. Georges - un homme d’une
soixantaine d’année - chantonne en nettoyant la cage de son oiseau GEORGES. — (il chante) « Mon histoire c’est l’histoire d’un amour, ma complainte
c’est la plainte de deux coeurs »… La sonnerie de la porte retentit. Il écoute et ne
bouge pas. Deuxième coup de sonnette. Il ne bouge toujours pas. Troisième coup. Il regarde vers
la porte sous laquelle une enveloppe est glissée. Il s’approche prend la lettre et la
décachette. Il lit. « A l’intention de Monsieur George DUBOIS-DUNILAC :
Intervention des pompiers-sanitaires de l’action sociale. Dès 10h vous devrez avoir quitté
votre logement » S’adressant vers la porte: Allez-vous faire foutre! Les chambardements, les
chamboulements et tout votre Saintfrusquin de papier d’assignation à déguerpir, ce n’est pas
encore au Georges qu’on va les faire. Ici c’est ici. C’est chez moi. Ce n’est pas
vrai que vous pouvez me déguerpir comme ça ; je suis un suisse, quand même. Le Georges ce
n’est pas un moins que rien. Alors bernique ! Passez vos chemins messieurs les
huissiers de la justice. Il écoute. Voilà. Ils ont compris. S’adressant à l’oiseau. Pas mon Rouchonnet des Colonies du soleil ? qu’on ne
me la fait pas. Faudrait pas aller croire qu’on peut faire ce qu’on veut avec moi.
Jamais. Le Georges il ne s’est jamais laissé faire. J’avais prévu. Des provisions j’en ai faites.
Des boites. Alors le déguerpissement ce n’est pas encore d’aujourd’hui que ça va se passer.
Trois mois. Trois mois que je résiste. Tout seul. Bien enfermé qu’il est resté le Georges.
Alors tu vois Rouchonnet cet ordre d’expulsion, j’ai autant à mieux faire que de le
bruler. Il brûle la lettre et l’enveloppe, et chantonne « Un roman comme tant d’autres, qui aurait pu être
le vôtre, gens d’ici ou bien d’ailleurs». Et voilà. Pourrons encore venir. Trouverons à qui
parler. Ce n’est encore pas l’habitude de résister qui me manque. C’est depuis tout petit que
j’ai du l’affronter, l’adversité. Alors les batailles ça me connaît. Hein mon Rouchonnet? Toi tu
le sais que je suis un vrai dur de la tête dans les idées et les combats. Et ça, bien
avant qu’on se connaisse. Je te l’avais dit déjà ça ? Tu crois que je te l’ai dit ? Je ne sais plus.
Attention Georges faudrait pas te laisser aller à radoter. Enfin n’importe. Puisque ça me vient dans
l’esprit de le dire, hein mon petit ! Oui alors, les combats ! à la maternelle ! rien qu’avec
cette histoire de blondeur dans les cheveux il a tout de suite fallu que je me batte. Juste pour
me la faire, ma vie. Et c’est vrai, jamais ça ne se passe comme on le prévoyait. Moi jamais je ne
l’aurais imaginé que je me retrouverais un jour dans une ville comme la Genève
internationale des droits humains. Mais, voilà, une destinée je l’avais « Bernique de bernique —j’ai
dit—j’ai beau être blond je ne me laisserai pas moissonné comme les blés ». Alors tu vois, ce
n’est pas encore d’aujourd’hui qu’ils lui feront peur. A Georges. Oui, depuis
toujours tout dressé sur les pointes les griffes toutes en dehors, « Vous direz, vous pouvez faire, mais moi : bernique
de bernique! Je ne me laisserai pas faire ! Ce que je suis, je le deviendrai » Même
l’instituteur, la retraite, devant moi, il devait bien la battre. La queue entre les jambes !... comme
Napoléon laissant derrière lui Moscou fumant. Alors là, oui !... que bernique de bernique
jamais le Georges il va se laisser intimider. Faut grandir DEVIENS CE QUE TU ES. Tu m’écoutes mon
Rouchonnet ? Pas que je parle sans que tu t’en occupes, pas que je reste juste tout seul à
me défendre Il accroche la cage. Vraiment on peut dire que t’es un tout joli et je le
vois bien que tu m’écoutes alors je te disais du temps où j’étais tout jeune. Avant ma
rencontre avec l’Ahmed. Pas froid aux yeux, le Georges. Je ne voulais pas rester dans le chemin
tout tracé. Rien ne me faisait peur. Mais des bagarres et des conflits! Une vraie campagne
militaire qu’elle a été toute ma vie dans l’enfance, à supporter les quolibets « Tataouine !
Pédé ! Oh la fifille à sa maman ! la salope toute blonde ! ». Rien, on ne lui a rien donné au
Georges. Du se battre. Oui, même pour le devenir un apprenti dans la haute couture, vrai que
j’ai dû batailler « Trop grandes vos mains mon petit trop grandes pour une petite main. Non, on
ne peut pas vous prendre ». Mais le Georges il s’est pas laissé démonter «Donnez-moi du
fil et une aiguille avec le plus petit chas qui se puisse trouver », qui se puisse trouver, oui
! Dans un français comme ça j’ai dit ça ; et hop ! Ni à la une ni à la deux, enfilé dans le chas
; le fil ; des yeux ! Elle en écarquillait!... des yeux ! La patronne « Puisque c’est comme ça, on
vous prend ; mais avec votre genre efféminé on va
vous appeler damoiseau»…
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L’ÉQUIPE «
GEORGES, OU TOUT CE QUI FILE ENTRE LES DOIGTS » |
GILLE-SOULEYMANE LAUBERT, AUTEUR, METTEUR EN SCÈNE
Professeur certifié, il a été responsable
de la section art dramatique du Conservatoire de la région d’Annecy . Metteur en scène, il crée aussi bien des
auteurs classiques que contemporains en France, en Suisse ; depuis 2001 il entreprend un
travail de collaboration et d’échanges culturels avec le Sénégal où il donne des stages de
formation pour les jeunes comédiens au Centre Action de Formation de l’Acteur et Recherche
Théâtrale - CAFART- de THIES; il poursuit un travail de création avec le Théâtre National Daniel
Sorano et le Théâtre du Baobab et Compagnies à Dakar. Au cours de la saison 2009-2010 il met
en scène « L’atelier volant » de Valère Novarina au théâtre du Loup à Genève, repris en
tournée à la MAL de Thonon-les-Bains. (Avril 2010) DIDIER CARRIER, DIRECTION DE JEU Ancien élève de l’Ecole Supérieure d’Art
Dramatique du conservatoire de Genève, il joue sur toutes les scènes romandes et en France.
Il est également metteur en scène. Pour la compagnie des cris il a interprété le
rôle de Monsieur Bouche dans « l’Atelier Volant ». DANIÈLE MILOVIC, LUMIÈRES Après avoir débuté à la Maison des Arts
de Thonon-les-Bains, elle effectue sa carrière dans l’ensemble des théâtres suisses romands
où elle a créé de nombreux éclairages. Pour la Compagnie des Cris, elle a réalisé les
éclairages de « Trafics amoureux », de « La terre leur demeure » et de « L’Atelier Volant. |
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ENTRETIEN
AVEC L’AUTEUR |
«
GEORGES, OU TOUT CE QUI FILE ENTRE LES DOIGTS », EST UN TEXTE QUE VOUS AVEZ ECRIT. QUELLE EST LA PART D’AUTOBIOGRAPHIE DANS VOTRE DEMARCHE ? Rien, dans ce texte, ne se rapporte à ma
vie et pourtant tout est écrit avec ce que j‘ai vécu, avec ce que je vis et surtout avec ce
que les autres vivent. On pourrait, bien sûr, démêler le vrai du faux. Et s’apercevoir que
Georges et l’un des prénoms qui figure sur mon acte de naissance. Mais on ne m’a jamais appelé
Georges. Je suis auteur de théâtre, comédien et Georges, le personnage, est costumier de
Théâtre… dans mon texte, il se tisse donc une fiction qui, partant du particulier
d’une vie, s’attache à raconter un réel beaucoup plus général. En tout cas ce texte est tout,
sauf introspectif et narcissique. COMEDIEN, VOUS AVEZ INTERPRETE DE NOMBREUX ROLES
DE PIECES DE DIFFERENTS AUTEURS. EST-CE PLUS FACILE DE JOUER SON PROPRE TEXTE ? En fait non. Le plus difficile et de
retrouver une naïveté et un étonnement. Il y a tout un travail du « dés-apprendre ». C’est
pourquoi j’ai demandé à Didier Carrier de porter un regard sur mon jeu. Son travail a
beaucoup consisté à m’aider à redécouvrir le texte et à l’interroger dans ce qu’il disait
simplement. COMME DANS PLUSIEURS DE VOS TEXTES ON
RETROUVE DANS «
GEORGES, OU TOUT CE QUI FILE… », LES THEMES DE L’EXCLUSION ET DU MEPRIS DE L’AUTRE. POURQUOI LA RECURRENCE DE CE THEME ? C’est aussi vrai de certaines de mes
mises en scène (je pense à « Trafics amoureux » qui traitait de l’amour entre garçons),
c’est encore vrai d’une grande partie de mon écriture où, souvent, c’est l’Afrique qui apparait
dans ce sujet de l’exclusion. Nous parlions de l’autobiographie et c’est vrai que dans
ce thème il y a beaucoup de ce que j’ai vécu. Mais l’exclusion c’est aussi la pauvreté, les
laissés pour comptes, la faim dans le monde. Pour moi, un artiste doit être la caisse de
résonance où viennent frapper tous les sans-grades, les abusés, les déclassés et tous ceux
que leur sexualité, la couleur de leur peau ou leur origine mettent en marge des majorités
morales.… PEUT-ON EVOQUER L’AMOUR COMME POINT
CENTRAL DE CETTE REFLEXION ? Très certainement. Le rapport amoureux
c’est celui qui dit tout, qui dévoile tout. Le regard de l’autre sur moi, mon regard sur les
autres. L’amour c’est l’expérience de l’altérité. POURQUOI AVOIR CHOISI DE PLACER CE
THEME DANS LA GENEVE INTERNATIONALE DES DROITS HUMAINS ? Il est vrai qu’avec Dakar, Genève est la
ville que j’habite. Ça joue comme une métaphore. Dans cette ville où siège de nombreuses
ONG, des institutions internationales, il y un petit bonhomme, Georges, qui va être exclu de
son logement, un petit bonhomme qui s’est construit dans l’injure (sale pédé,
tataouine) un petit bonhomme qui s’est battu contre l‘injustice, et pour les droits
politiques, qui été torturé, mais qui, le sourire aux lèvres, continue de se battre avec pugnacité et
un immense amour au coeur. LE TEXTE MET EN SCENE UNE MULTITUDE DE
PERSONNAGES.
COMMENT FAITES – VOUS POUR LES FAIRE
VIVRE ? C’est en grande partie une question de
technique théâtrale. Le texte se présente aussi comme une parlerie. En fait, c’est
toujours une adresse au spectateur. Les personnages de la patronne, d’Ahmed, des garçons du
foot ne sont pas incarnés mais joué dans l’allusion, par un regard, un geste, un ton de voix.
C’est vrai qu’il y faut une certaine virtuosité. Les lumières de Danielle Milovich
contribuent aussi à créer des lieux. A QUEL GENRE APPARTIENT CETTE PIECE ? En fait, c’est aussi bien la forme du
conte, de la jonglerie, que le one man show. QU’EST CE QUE « GEORGES, OU TOUT CE QUI FILE ENTRE LES DOIGTS » VOUS A APPRIS ? C’est l’histoire d’un amour…. AVEC LA COMPAGNIE DES CRIS, DONT VOUS ÊTES LE RESPONSABLE
ARTISTIQUE DEPUIS DIX ANS, VOUS TENEZ LE RYTHME D’UNE CREATION PAR ANNEE ET TOUJOURS DANS DES SALLES
GENEVOISES COMME LE GRÜTLI,
ST-GERVAIS OU LE LOUP, MAIS AUSSI EN AFRIQUE.
COMMENT DECRIVEZ-VOUS LE FIL ROUGE DE CE PARCOURS ? Le voyage. L’itinérance. Mais aussi
l’insécurité A chaque projet je dois tout recommencer. Frapper aux portes, pas toujours si
faciles à s’entrouvrir. Cependant que ce soit à Genève (ou je prends des cours de danse
africaine) au Sénégal (ou je m‘occupe d’un programme de formation pour acteur avec le
concours du canton et la ville de Genève) il y a comme une logique à tout ça. Je suis assez content
d’avoir écrit une pièce dernièrement (LOUIS) qui articule ce voyage. J’aimerais
pouvoir créer cette pièce dans une distribution sénégalogenevoise . Malheureusement, pour l’instant je
n’ai pas trouvé de lieu où la présenter à Genève… mais je suis entêté, j’y
arriverais bien ! |
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POUR ÉCHANGER… «
GEORGES, OU TOUT CE QUI FILE ENTRE LES DOIGTS » |
ACTIONS DE SENSIBILISATION Avec Dialogai, rue de la
navigation 11-13 (Les Pâquis) · Avant-première suivie d’une rencontre avec le
comédien, le 19 mars 20h à Dialogai Avec Network : · Soirées-débat sur le thème de l’homophobie le 12
avril à l’issue du spectacle en partenariat avec Network. Avec la maison de Quartier : · Gratuité pour les utilisateurs de la maison – jeunes
du quartier A venir : · Mai 2011, tournée au Sénégal, festival FEST’ART à
Dakar et centres culturels à Thiès, Louga et Kaolak. · Représentations scolaires (dès 15 ans) à l’étude. |