« GEORGES,

OU TOUT CE QUI FILE ENTRE LES DOIGTS »

 

Une pièce de

Gilles-Souleymane Laubert

Compagnie des Cris

La Traverse, Genève

du 30 mars au 17 avril 2011

 

DISTRIBUTION

« GEORGES, OU TOUT CE QUI FILE ENTRE LES DOIGTS »

 

 

JEU

Gilles-Souleymane Laubert

CONSEILLÉ SCÉNOGRAPHIQUE

Gilles Lambert

DIRECTION DU JEU

Didier Carrier

LUMIÈRES

Danièle Milovic

SON

Andrés Garcia

MAQUILLAGE

Léticia Ortiz-Rochaix

ADMINISTRATION

Beatrice Cazorla

RELATIONS PRESSE, COMMUNICATION

Coranda Pierrehumbert

PRODUCTION

Compagnie des Cris

www.compagniedescris.com

REMERCIEMENTS

Martine Paschoud, Mireille Dessingy,

Comédie de Genève, Théâtre du Loup,

Les élèves du Conservatoire d’Annecy,

Auditorium de Seynod

SOUTIENS

Ville de Genève, État de Genève,

Loterie Romande, Fondation Leenards

Magazine 360°, Dialogai

PARTENAIRES

Network, Pink Cross, La Traverse

 

PRÉSENTATION

« GEORGES, OU TOUT CE QUI FILE ENTRE LES DOIGTS »

RÉSUMÉ

 

La scène est dans la Genève internationale des droits humains.

Un homme seul, dans son appartement.

Une table, une chaise. Une cage avec un oiseau.

Un homme, il parle. A son oiseau. Au monde. A l’assemblée du théâtre.

Un homme, avec l’histoire de sa vie qui prend l’Histoire à bras le corps.

Un homme, qui fut un enfant insulté des noms de « Tataouine et de pédé », un enfant perdu

dans le monde et enfin, un adolescent combattant.

Aujourd’hui que le voila devenu un homme âgé, il reprend le combat, s’insurge, tempête,

s’élève contre les déshonneurs et les indignités…

Mais il murmure aussi et il fredonne les douceurs d’une vie toute entière consacrée à l’amour.

Aujourd’hui donc, il mène son dernier combat contre une expulsion dont il est l’objet.

C’est un feu d’articice de mots. Un plaisir d’écoute.

Un autodafé.

 

COMMENTAIRE

 

« Auteur, Gilles-Souleymane Laubert est aussi l’acteur qui incarne Georges…

Légèreté, finesse, dans un texte qui parle d’exclusion, de mépris ; tendresse pour dire les combats, la résistance. L’acteur s’adresse tout à la fois à un oiseau en cage et aux spectateurs qui deviennent les témoins de la vie tumultueuse de Georges.

 

Rien dans les mains, rien dans les poches, seul sur scène, l’auteur-acteur fait vivre une multitude de personnages : une patronne prétentieuse, un chanteur soviétique, les garçons du foot, et surtout le bel Ahmed, grand amour de Georges.

 

Gilles-Souleymane Laubert à l’art de nous entraîner dans cette fabuleuse histoire tantôt gaie, tantôt triste, aux rebondissements incroyables, mais toujours émouvante.

Comme dans plusieurs de ses textes « L’abus » ou encore « Sur les Bords » Laubert reste

fidèle à une thématique qui mêle habilement le récit de vie et l’Histoire du monde.

Avec cette dernière pièce, il renoue avec une écriture à la syntaxe heurtée, faite de

néologismes et de locutions populaires et, comme toujours, pleine d’échappées poétiques :

une écriture qui a du muscle, qui hurle sa différence et qui murmure les instants de

bonheur… »

CAMILLE CLAUDE

 

EXTRAIT DE TEXTE

« GEORGES, OU TOUT CE QUI FILE ENTRE LES DOIGTS »

 

Le théâtre représente un appartement. Georges - un homme d’une soixantaine d’année -

chantonne en nettoyant la cage de son oiseau

 

GEORGES. — (il chante) « Mon histoire c’est l’histoire d’un amour, ma complainte c’est la

plainte de deux coeurs »…

La sonnerie de la porte retentit. Il écoute et ne bouge pas. Deuxième coup de sonnette. Il ne

bouge toujours pas. Troisième coup. Il regarde vers la porte sous laquelle une enveloppe est

glissée. Il s’approche prend la lettre et la décachette. Il lit.

« A l’intention de Monsieur George DUBOIS-DUNILAC : Intervention des pompiers-sanitaires de

l’action sociale. Dès 10h vous devrez avoir quitté votre logement »

 

S’adressant vers la porte:

Allez-vous faire foutre! Les chambardements, les chamboulements et tout votre Saintfrusquin

de papier d’assignation à déguerpir, ce n’est pas encore au Georges qu’on va les

faire. Ici c’est ici. C’est chez moi. Ce n’est pas vrai que vous pouvez me déguerpir comme

ça ; je suis un suisse, quand même. Le Georges ce n’est pas un moins que rien. Alors

bernique ! Passez vos chemins messieurs les huissiers de la justice.

 

Il écoute.

Voilà. Ils ont compris.

S’adressant à l’oiseau.

Pas mon Rouchonnet des Colonies du soleil ? qu’on ne me la fait pas. Faudrait pas aller

croire qu’on peut faire ce qu’on veut avec moi. Jamais. Le Georges il ne s’est jamais laissé

faire. J’avais prévu. Des provisions j’en ai faites. Des boites. Alors le déguerpissement ce

n’est pas encore d’aujourd’hui que ça va se passer. Trois mois. Trois mois que je résiste.

Tout seul. Bien enfermé qu’il est resté le Georges. Alors tu vois Rouchonnet cet ordre

d’expulsion, j’ai autant à mieux faire que de le bruler.

 

Il brûle la lettre et l’enveloppe, et chantonne

« Un roman comme tant d’autres, qui aurait pu être le vôtre, gens d’ici ou bien d’ailleurs». Et

voilà. Pourrons encore venir. Trouverons à qui parler. Ce n’est encore pas l’habitude de

résister qui me manque. C’est depuis tout petit que j’ai du l’affronter, l’adversité. Alors les

batailles ça me connaît. Hein mon Rouchonnet? Toi tu le sais que je suis un vrai dur de la

tête dans les idées et les combats. Et ça, bien avant qu’on se connaisse. Je te l’avais dit déjà

ça ? Tu crois que je te l’ai dit ? Je ne sais plus. Attention Georges faudrait pas te laisser aller

à radoter. Enfin n’importe. Puisque ça me vient dans l’esprit de le dire, hein mon petit ! Oui

alors, les combats ! à la maternelle ! rien qu’avec cette histoire de blondeur dans les cheveux

il a tout de suite fallu que je me batte. Juste pour me la faire, ma vie. Et c’est vrai, jamais ça

ne se passe comme on le prévoyait. Moi jamais je ne l’aurais imaginé que je me retrouverais

un jour dans une ville comme la Genève internationale des droits humains. Mais, voilà, une

destinée je l’avais « Bernique de bernique —j’ai dit—j’ai beau être blond je ne me laisserai

pas moissonné comme les blés ». Alors tu vois, ce n’est pas encore d’aujourd’hui qu’ils lui

feront peur.

 

A Georges.

 Oui, depuis toujours tout dressé sur les pointes les griffes toutes en dehors,

« Vous direz, vous pouvez faire, mais moi : bernique de bernique! Je ne me laisserai pas

faire ! Ce que je suis, je le deviendrai » Même l’instituteur, la retraite, devant moi, il devait

bien la battre. La queue entre les jambes !... comme Napoléon laissant derrière lui Moscou

fumant. Alors là, oui !... que bernique de bernique jamais le Georges il va se laisser intimider.

Faut grandir DEVIENS CE QUE TU ES. Tu m’écoutes mon Rouchonnet ? Pas que je parle sans que

tu t’en occupes, pas que je reste juste tout seul à me défendre

 

Il accroche la cage.

Vraiment on peut dire que t’es un tout joli et je le vois bien que tu m’écoutes alors je te

disais du temps où j’étais tout jeune. Avant ma rencontre avec l’Ahmed. Pas froid aux yeux,

le Georges. Je ne voulais pas rester dans le chemin tout tracé. Rien ne me faisait peur. Mais

des bagarres et des conflits! Une vraie campagne militaire qu’elle a été toute ma vie dans

l’enfance, à supporter les quolibets « Tataouine ! Pédé ! Oh la fifille à sa maman ! la salope

toute blonde ! ». Rien, on ne lui a rien donné au Georges. Du se battre. Oui, même pour le

devenir un apprenti dans la haute couture, vrai que j’ai dû batailler « Trop grandes vos mains

mon petit trop grandes pour une petite main. Non, on ne peut pas vous prendre ». Mais le

Georges il s’est pas laissé démonter «Donnez-moi du fil et une aiguille avec le plus petit chas

qui se puisse trouver », qui se puisse trouver, oui ! Dans un français comme ça j’ai dit ça ; et

hop ! Ni à la une ni à la deux, enfilé dans le chas ; le fil ; des yeux ! Elle en écarquillait!...

des yeux ! La patronne « Puisque c’est comme ça, on vous prend ; mais avec votre genre

efféminé on va vous appeler damoiseau»…

 

 

L’ÉQUIPE

« GEORGES, OU TOUT CE QUI FILE ENTRE LES DOIGTS »

 

GILLE-SOULEYMANE LAUBERT, AUTEUR, METTEUR EN SCÈNE

 

 

 

 

 

 

 

 

Auteur, GILLES-SOULEYMANE LAUBERT, est édité aux

SOLITAIRES INTEMPESTIFS et chez COMP’ACT ; ses pièces ont été représentées en France, en Suisse, en Italie et au Sénégal. Il est membre du Comité des

Écrivains Associés de Théâtre Suisse. -EAT-CH

 

Il a été résident à la Comédie de Genève et à la

Chartreuse de Villeneuve lez Avignon.

 

Comédien, il a joué dans de nombreux spectacles

en France, en Suisse, en Belgique, en Italie et au

Sénégal.

 

Professeur certifié, il a été responsable de la section art dramatique du Conservatoire de la

région d’Annecy .

 

Metteur en scène, il crée aussi bien des auteurs classiques que contemporains en France, en

Suisse ; depuis 2001 il entreprend un travail de collaboration et d’échanges culturels avec le

Sénégal où il donne des stages de formation pour les jeunes comédiens au Centre Action de

Formation de l’Acteur et Recherche Théâtrale - CAFART- de THIES; il poursuit un travail de

création avec le Théâtre National Daniel Sorano et le Théâtre du Baobab et Compagnies à

Dakar.

 

Au cours de la saison 2009-2010 il met en scène « L’atelier volant » de Valère Novarina au

théâtre du Loup à Genève, repris en tournée à la MAL de Thonon-les-Bains. (Avril 2010)

 

 

DIDIER CARRIER, DIRECTION DE JEU

Ancien élève de l’Ecole Supérieure d’Art Dramatique du conservatoire de Genève, il joue sur

toutes les scènes romandes et en France. Il est également metteur en scène. Pour la

compagnie des cris il a interprété le rôle de Monsieur Bouche dans « l’Atelier Volant ».

 

 

DANIÈLE MILOVIC, LUMIÈRES

Après avoir débuté à la Maison des Arts de Thonon-les-Bains, elle effectue sa carrière dans

l’ensemble des théâtres suisses romands où elle a créé de nombreux éclairages. Pour la

Compagnie des Cris, elle a réalisé les éclairages de « Trafics amoureux », de « La terre leur

demeure » et de « L’Atelier Volant.

 

 

ENTRETIEN AVEC L’AUTEUR

 

« GEORGES, OU TOUT CE QUI FILE ENTRE LES DOIGTS », EST UN TEXTE QUE VOUS

AVEZ ECRIT. QUELLE EST LA PART DAUTOBIOGRAPHIE DANS VOTRE DEMARCHE ?

Rien, dans ce texte, ne se rapporte à ma vie et pourtant tout est écrit avec ce que j‘ai vécu,

avec ce que je vis et surtout avec ce que les autres vivent. On pourrait, bien sûr, démêler le

vrai du faux. Et s’apercevoir que Georges et l’un des prénoms qui figure sur mon acte de

naissance. Mais on ne m’a jamais appelé Georges. Je suis auteur de théâtre, comédien et

Georges, le personnage, est costumier de Théâtre… dans mon texte, il se tisse donc une

fiction qui, partant du particulier d’une vie, s’attache à raconter un réel beaucoup plus

général. En tout cas ce texte est tout, sauf introspectif et narcissique.

 

COMEDIEN, VOUS AVEZ INTERPRETE DE NOMBREUX ROLES DE PIECES DE DIFFERENTS

AUTEURS. EST-CE PLUS FACILE DE JOUER SON PROPRE TEXTE ?

En fait non. Le plus difficile et de retrouver une naïveté et un étonnement. Il y a tout un

travail du « dés-apprendre ». C’est pourquoi j’ai demandé à Didier Carrier de porter un

regard sur mon jeu. Son travail a beaucoup consisté à m’aider à redécouvrir le texte et à

l’interroger dans ce qu’il disait simplement.

 

COMME DANS PLUSIEURS DE VOS TEXTES ON RETROUVE DANS « GEORGES, OU TOUT

CE QUI FILE… », LES THEMES DE LEXCLUSION ET DU MEPRIS DE LAUTRE.

POURQUOI LA RECURRENCE DE CE THEME ?

C’est aussi vrai de certaines de mes mises en scène (je pense à « Trafics amoureux » qui

traitait de l’amour entre garçons), c’est encore vrai d’une grande partie de mon écriture où,

souvent, c’est l’Afrique qui apparait dans ce sujet de l’exclusion. Nous parlions de

l’autobiographie et c’est vrai que dans ce thème il y a beaucoup de ce que j’ai vécu. Mais

l’exclusion c’est aussi la pauvreté, les laissés pour comptes, la faim dans le monde. Pour

moi, un artiste doit être la caisse de résonance où viennent frapper tous les sans-grades,

les abusés, les déclassés et tous ceux que leur sexualité, la couleur de leur peau ou leur

origine mettent en marge des majorités morales.…

 

PEUT-ON EVOQUER LAMOUR COMME POINT CENTRAL DE CETTE REFLEXION ?

Très certainement. Le rapport amoureux c’est celui qui dit tout, qui dévoile tout. Le regard

de l’autre sur moi, mon regard sur les autres. L’amour c’est l’expérience de l’altérité.

 

POURQUOI AVOIR CHOISI DE PLACER CE THEME DANS LA GENEVE INTERNATIONALE

DES DROITS HUMAINS ?

Il est vrai qu’avec Dakar, Genève est la ville que j’habite. Ça joue comme une métaphore.

Dans cette ville où siège de nombreuses ONG, des institutions internationales, il y un petit

bonhomme, Georges, qui va être exclu de son logement, un petit bonhomme qui s’est

construit dans l’injure (sale pédé, tataouine) un petit bonhomme qui s’est battu contre

l‘injustice, et pour les droits politiques, qui été torturé, mais qui, le sourire aux lèvres,

continue de se battre avec pugnacité et un immense amour au coeur.

 

LE TEXTE MET EN SCENE UNE MULTITUDE DE PERSONNAGES. COMMENT FAITES

VOUS POUR LES FAIRE VIVRE ?

C’est en grande partie une question de technique théâtrale. Le texte se présente aussi

comme une parlerie. En fait, c’est toujours une adresse au spectateur. Les personnages de

la patronne, d’Ahmed, des garçons du foot ne sont pas incarnés mais joué dans l’allusion,

par un regard, un geste, un ton de voix. C’est vrai qu’il y faut une certaine virtuosité. Les

lumières de Danielle Milovich contribuent aussi à créer des lieux.

 

A QUEL GENRE APPARTIENT CETTE PIECE ?

En fait, c’est aussi bien la forme du conte, de la jonglerie, que le one man show.

 

QUEST CE QUE « GEORGES, OU TOUT CE QUI FILE ENTRE LES DOIGTS » VOUS A

APPRIS ?

C’est l’histoire d’un amour….

 

AVEC LA COMPAGNIE DES CRIS, DONT VOUS ÊTES LE RESPONSABLE ARTISTIQUE

DEPUIS DIX ANS, VOUS TENEZ LE RYTHME DUNE CREATION PAR ANNEE ET TOUJOURS

DANS DES SALLES GENEVOISES COMME LE GRÜTLI, ST-GERVAIS OU LE LOUP, MAIS

AUSSI EN AFRIQUE. COMMENT DECRIVEZ-VOUS LE FIL ROUGE DE CE PARCOURS ?

Le voyage. L’itinérance. Mais aussi l’insécurité A chaque projet je dois tout recommencer.

Frapper aux portes, pas toujours si faciles à s’entrouvrir. Cependant que ce soit à Genève

(ou je prends des cours de danse africaine) au Sénégal (ou je m‘occupe d’un programme

de formation pour acteur avec le concours du canton et la ville de Genève) il y a comme

une logique à tout ça. Je suis assez content d’avoir écrit une pièce dernièrement (LOUIS)

qui articule ce voyage. J’aimerais pouvoir créer cette pièce dans une distribution sénégalogenevoise

. Malheureusement, pour l’instant je n’ai pas trouvé de lieu où la présenter à

Genève… mais je suis entêté, j’y arriverais bien !

 

POUR ÉCHANGER…

« GEORGES, OU TOUT CE QUI FILE ENTRE LES DOIGTS »

 

ACTIONS DE SENSIBILISATION

 

Avec Dialogai, rue de la navigation 11-13 (Les Pâquis)

· Avant-première suivie d’une rencontre avec le comédien, le 19 mars 20h à Dialogai

 

Avec Network :

· Soirées-débat sur le thème de l’homophobie le 12 avril à l’issue du spectacle en

partenariat avec Network.

 

Avec la maison de Quartier :

· Gratuité pour les utilisateurs de la maison – jeunes du quartier

 

A venir :

· Mai 2011, tournée au Sénégal, festival FEST’ART à Dakar et centres culturels à

Thiès, Louga et Kaolak.

· Représentations scolaires (dès 15 ans) à l’étude.