Dans "Un verre de crépuscule" le commis voyageur paye-t-il le jeune homme pour une passe ou parce qu'il crève de solitude ? Et pour le jeune homme est-ce seulement l'indigence qui le pousse à accepter l'argent de l'homme ? Ne serait-ce pas bien plutôt parce qu'il est en complète déréliction ?
Dans "Avis aux intéressés", le père cancéreux qui cherche désespérément un asile pour son fils trisomique et que la société leur refuse, tous les deux, ne forment-ils pas un couple que rien ne pourra défaire. Mais ils sont si seuls. Dans l'adversité.
Dans "La pluie" c'est une femme qui soliloque sur un quai de gare ; elle n'a plus pour elle que le souvenir des objets que lui ont laissé ceux qui sont partis. Là-bas. Vers l'indicible et l'horreur.
Dans "La terre, leur demeure", c'est toute une famille qui vendra son bien, sa terre et qui partira. Où ? ils n'en savent rien.
Solitudes. Rejets. Fusions compulsives. Étreintes. Déchirements. Sentiments étouffés. Tus. Aveux aux bords des lèvres. Pudeurs.
Les textes de Daniel Keene sont chargés de tendresse, d'humanités qui ravagent le corps. Ce sont des personnages éperdus. Paumés. Hors champs. Hors normes. Décalés.

Le spectacle est composé de deux parties :
La première se tiendra à l'avant scène. Sur ces quelques centimètres de plateau les personnages seront comme des apparitions fugaces. Toutes en légèreté et comme dans le déséquilibre [réel puisque l'avant scène du décor est en pente]. Dans le temps d'une journée, c'est dans la dignité que la détresse humaine s'exposera jusqu'au crépuscule.
L'espace, la profondeur, la perspective c'est sur quoi s'ouvriront les deux grands battants de l'avant scène du décor pour la seconde partie. C'est le tragique et le burlesque shakespearien qui sont ici convoqués (il y a dans l'œuvre de Keene des réminiscences des grandes œuvres du répertoire).
Personnages amples et à large stature avec de si faibles ressources mais aussi avec un tel potentiel humanité c'est ce nous allons chercher à mettre en œuvre.
Le pari : faire de Keene un classique incontournable à l'égal de Tchekhov et du grand Will.

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